Son Histoire

L’histoire de Port-Cros

Port-Cros, qui fut la Messé (île du Milieu) des Grecs, doit son nom actuel à la forme en creux de son petit port.

L’existence d’une colonie romaine à Port-Cros est attestée par la présence de tombes, de canalisation et d’une monnaie d’or romaine. Au Vème siècle, le monastère de Lérins avait une importante succursale sur l’île du Levant, cet établissement possédait une annexe à Port-Cros dans le vallon de Notre-Dame. Ce monastère fut ruiné par les pirates barbaresques qui ravagèrent l’archipel du Xème au XVIème siècles.

En 1531, François 1er, lors d’une visite à Hyères, fut alerté par les habitants sur les risques que faisaient courir les pirates à cette portion de côte. Il érigea en marquisat les trois îles de Bagaud, de Port-Cros et du Levant et confia, le 13 février 1532, cette charge à Bertrand d’Ornezan avec obligation de construire et d’entretenir des fortifications.

En 1549, le marquisat est confié à Christophe de Rocquendorf. Pour attirer des colons un droit d’asile pour les condamnés de droit commun est institué sur l’île qui fut rapidement envahie par des individus dont le comportement causa plus de troubles que les pirates qu’ils étaient censés combattre.

En 1617, les forts censés défendre Port-Cros n’étaient toujours pas construits. La reprise en main eu lieu sous l’influence de Richelieu qui fit construire la Tour de l’Éminence, le fort de l’Estissac et celui de Port Man. Louis XIV lutta contre les actes de piraterie et de banditisme commis par les insulaires et par les corsaires avec sévérité mais il n’y eut jamais de garnison sérieuse installée à Port-Cros, ce qui permit aux Anglais de piller l’île en 1700 et de l’envahir en 1742 avant d’en être chassés par le comte de Maurepas.

Le dernier marquis de Port-Cros fut Louis de Colvet, beau-père de Mirabeau. Il vendit les trois îles à Jean Joseph Barthélémy Simon de Savornin en 1783. En 1793, les Anglais ruinèrent une nouvelle fois Port-Cros. Napoléon 1er s’intéressa à Port-Cros qu’il mentionne comme un mouillage d’importance stratégique. Il fit restaurer les défenses en 1811 et installa une garnison. En 1812, elle comptait 1 000 à 2 000 hommes. Après la chute du Premier Empire, elle fut remplacée par une compagnie d’invalides.

Bagaud fut achetée par l’État en 1815. Port-Cros et le Levant appartinrent à M. Gazzino et Rolland, puis au comte de Retz. Il vendit Port-Cros à M. Bourgarel. Après avoir changé plusieurs fois de mains, l’île fut exploitée au début du XXème siècle par le Dr Crotte qui tenta en vain de la convertir en un riche complexe touristique américain. L’île fut acquise en mars 1921 par Marcel Henry, notaire honoraire, et Claude Balyne. Ces propriétaires orientèrent l’île vers un développement raisonnable du tourisme avec construction d’un hôtel et mise en place de liaisons maritimes. Entre les deux guerres mondiales, Port-Cros a été fréquentée par de nombreuses personnalités du monde artistique et littéraire : André Malraux, André Gide, Saint-John Perse, Paul Valéry ou Jules Supervielle qui fit du fort du Moulin sa demeure familiale. Le vicomte Eugène-Melchior de Vogüé, littérateur français né en 1848, a également séjourné à Port-Cros (il a fait connaître en France les grands romanciers russes, principalement Tolstoï, Tourgueniev, Dostoïevski et a été membre de l’Académie française à partir de 1889).

Le 15 août 1944, dans le cadre du débarquement de Provence, l’île fut le théâtre de combat entre la garnison allemande (150 hommes) et les commandos français, le dernier bastion ne tombera que le 17 août.

Mme Henry, décédée en 1966, avait légué l’île à l’État, à l’exception de l’hôtel (Le Manoir), dont hérita son petit-neveu, Pierre Buffet. En 1963, la création du parc national de Port-Cros marque le dernier tournant d’une histoire riche. Yann Arthus-Bertrand, photographe, a signé un bail emphytéotique avec le parc national concernant le fort de Port-Man qu’il est en train de faire restaurer.

Les commentaires sont fermés.